Travaux Fort Boyard 2025-2027: Reconstruction d'un havre d’accostage et d'un éperon

À Fort Boyard, un chantier en quête des origines de la forteresse

Propriétaire de l’emblématique forteresse implantée en pleine mer, le département de la Charente-Maritime veut recréer un brise-lames et un port de débarquement. Comme ils existaient peu après l’achèvement du fort

Les amateurs de cartes postales ou de photos sur Instagram vont devoir renouveler leur collection sur Fort Boyard. Dans les années qui viennent, la célèbre forteresse implantée en pleine mer, entre les îles d’Aix et d’Oléron, va voir sa silhouette oblongue être modifiée. Le fort pourrait se rapprocher du profil tel qu’il apparaissait voilà plus d’un siècle, avec un brise-lames et un avant-port encadrant les deux extrémités arrondies. À la suite du déclassement du fort en 1913, ces deux ouvrages n’ont plus été entretenus et ont progressivement été laminés au cours des décennies suivantes par les flots de l’Océan Atlantique.

Propriétaire depuis 1988 des lieux accueillant l’illustre jeu télévisé (créé en 1990), le Conseil départemental de la Charente-Maritime a missionné, à l’automne dernier, un bureau d’études, pour modéliser le fort afin de reproduire les effets de la houle, du ressac et des vagues. Et livrer des scénarios afin de le protéger des assauts de la mer, qui le mine et creuse les pierres. Comme tous les ans, mi-mars, avant l’enregistrement des émissions de jeux pour France 2 et les chaînes étrangères, des techniciens du Département prennent possession du fort et examinent l’édifice : au-delà des volets battants et de quelques pierres descellées, ce sont des microfissures qui sont scrutées à travers une trentaine de témoins répartis sur le vaisseau de pierre. « Depuis quatre ou cinq ans, ils n’évoluent pas », se rassure Patrice Acquier, directeur de l’Immobilier au Conseil départemental avant de glisser : « Mais on n’est pas à l’abri d’un phénomène météorologique majeur. »


Le passé resurgit

Pas d’urgence, mais une volonté affirmée depuis des années de renforcer la défense maritime du fort. Après la remise des études, les élus devront trancher entre plusieurs plans, qui vont « de la réfection à l’identique de ces ouvrages à l’introduction d’éléments techniques plus modernes », résume Mathieu Barbier, de la Direction de la mer du Département. Éléments financiers (« près de 30 millions d’euros sont pressentis », selon Sylvie Marcilly, maire de Fouras et vice-présidente du Département), et patrimoniaux (le site est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1950) aideront à la prise de décision pour un chantier qui n’est pas attendu avant 2023.

À 160 ans d’intervalle, la Charente-Maritime se retrouve dans la même position que la Marine sous le Second Empire. Les soldats qui l’ont occupé en 1859 se sont vite aperçus que l’écume de mer passait au-dessus des murs d’enceinte de 20 mètres de haut. Dès 1860, et pendant six années, deux chantiers vont être menés de front : un brise-lames côté nord-ouest et avant port au sud-est. « À l’origine, le brise-lames devait être détaché du fort de plusieurs mètres, mais les difficultés techniques pour le réaliser ont contraint à la coller au fort », souligne Denis Roland, ex-conservateur du Musée de la marine de Rochefort.

L’éperon en forme de triangle a été formé à partir de blocs dont les plus imposants mesuraient 4,50 m sur 4,50 m sur 2,50 m. Éparpillés autour du fort, certains d’entre eux sont visibles à marée basse. L’avant-port ou barachois s’est aussi avéré indispensable pour accéder au site : les difficultés d’accoster et la dangerosité des marches de l’escalier extérieur ont conduit à la création d’un havre de débarquement sous la vigie, constitué de trois jetées.


Le fort de l’inutile

Un double chantier mené malgré l’inutilité du fort, manifeste dès sa mise en service. Si sa construction pouvait être la bienvenue quand elle a été décidée par Bonaparte en 1801, les progrès de l’artillerie l’ont vite condamné. « Au début du XIXe siècle, la portée des gros canons était d’1 km. Pour protéger l’arsenal de Rochefort, il pouvait être opportun de le bâtir sur un banc de sable entre les îles d’Oléron et d’Aix, distantes de 6 km. Mais l’avènement de l’artillerie rayée dans les années 1850 permet de tripler la portée des canons et de tirer des obus jusqu’à 3 000 mètres » précise Denis Roland.

Bien avant de servir d’écrin au mémorable jeu de télévision qui a contribué à le sauver des eaux, le fort était déjà devenu une vitrine. Exposée aujourd’hui au Musée de la marine de Rochefort, une maquette commandée par le ministre de la Marine, Chasseloup-Laubas, dont la famille est originaire de Marennes, a été montrée lors de l’exposition universelle de Paris en 1867. « Il s’agissait de vanter le génie maritime français », reprend Denis Roland. Contre vents et marées.

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Le site historique qui sert d'écrin à l'émission de France 2 doit faire l'objet de quelques travaux d’ici à 2022. Mais ses chantiers les plus ambitieux peinent à trouver leur financement.


Fort en dépérissement se cherche une fortune nouvelle. Malgré les torrents d'or que renferme sa salle du trésor - du moins dans l'émission télévisée à succès diffusée depuis 1990 par France 2 - le fort Boyard aurait besoin d'un financement considérable pour assurer la rénovation de pans entiers de cet édifice. «Plusieurs dizaines de millions d'euros», pour être précis, a avancé vendredi la présidente du Conseil départemental de la Charente-Maritime Sylvie Marcilly (DVD), citée par le journal Sud Ouest .


Alors que les premiers travaux de rénovation ont commencé cette semaine au large de La Rochelle, le Département a fait savoir qu'il ne peut supporter seul la pleine et entière restauration de l'édifice achevé en 1858, au milieu du Second Empire. Un appel au mécénat international et aux dons serait envisagé par la collectivité territoriale, qui envisage - selon Sud Ouest - de mettre sur pied un «large plan de communication» pour attirer l'attention sur l'état de ce site classé monument historique.